
Chère lectrice, cher lecteur,
Vous l’avez vécu au moins une fois dans votre vie.
Vous vous baladez dans la rue, vous êtes assis au restaurant ou vous entrez dans la maison d’un ami…
D’un coup, le temps s’arrête.
Une odeur vient de vous effleurer le nez et vous retomber immédiatement en enfance…
L’odeur que vous venez de sentir, c’est celle de votre madeleine de Proust qui réveille tous vos sens !
Elle fait renaître en vous une sensation oubliée, un sentiment de profond bien-être, elle vous fait sourire…
Cette odeur d’enfance a un pouvoir presque magique.
Et la mienne est fortement parfumée à l’ail… 🙂
Mamie Gigi a les doigts qui sentent l’ail…
C’est presque automatique.
Dès que je sens l’odeur de l’ail confit, je pense à une recette délicieuse typique du Périgord noir (je vous la partage un peu plus bas) que ma grand-mère Gigi me cuisinait petite.
Pour moi, passer les week-ends chez elle, c’était mieux que de partir en vacances !
Elle me laissait dormir dans son lit bateau super confortable (l’édredon en plumes y était sûrement pour quelque chose…).
Tous les matins, j’avais le droit à un petit déjeuner de championne : pains perdus maisons et chocolat chaud.
Mais ce que j’aimais par-dessus tout, c’était l’observer s’affairer derrière les fourneaux.
Une douce odeur d’ail confit embaumait déjà la pièce de bon matin…
Eh oui, quand on grandit et vit en Périgord, l’ail, c’est sacré !
Les pommes de terre sarladaises, les confits, les poêlées de cèpes… On en met dans presque tous nos plats 🙂
Ce n’est pas pour rien que Mamie Gigi avait toujours les doigts qui sentaient un peu l’ail.
Parmi tous les délicieux plats qu’elle me préparait, il y en a un qui est devenu MA madeleine de Proust.
Le tourin blanchi !
Cette “soupe du pauvre” est un pur délice
C’est un plat typique du Sud-Ouest de la France.
Le tourin blanchi est une soupe à l’ail qui, contrairement à ce qu’on pourrait croire, a un goût très fin et doux.

Elle était surnommée “la soupe du pauvre”, parce que les paysans de l’époque la préparaient avec des ingrédients très bon marché : de l’ail, de l’eau, de la farine et des blancs d’œuf.
Comme toute vieille recette qui se transmet de génération en génération, chaque foyer a aujourd’hui SA version du tourin blanchi !
Pendant longtemps, ma grand-mère a gardé ses secrets de préparation pour elle.
Son tourin blanchi était à tomber par terre, mais je ne savais pas quel était le “petit plus”.
Tant qu’elle me le préparait, ça ne me dérangeait pas…
Mais depuis que j’ai déménagé en Suisse, je n’ai plus ma Mamie Gigi pour me préparer le tourin blanchi 🙂
Elle m’a donc expliqué toutes les étapes de la recette pour que je puisse la faire chez moi.
Puisque vous me faites l’honneur de lire ma lettre aujourd’hui, je vous partage à mon tour la recette du tourin blanchi périgourdin, façon “Mamie Gigi” !
La recette du tourin blanchi de Mamie Gigi
Pour confectionner un tourin blanchi, il vous faut :
- 10 gousses d’ail ;
- 1 oignon ;
- 2 oeufs (ou plus, en fonction de votre goût) ;
- 1 grosse cuillère à soupe de farine ;
- 1 litre et demi d’eau ;
- 2 cuillères à soupe de lait ;
- 1 grosse cuillère à soupe de vinaigre de vin rouge (le fameux ingrédient qui fait toute la particularité de sa recette !) ;
- Du pain rassi.
Maintenant, c’est parti pour les étapes de la recette :
- Dans une casserole, faites dorer l’ail taillé en lamelles et l’oignon avec de la graisse de canard. Si vous n’en avez pas ou que vous n’en mangez pas, utilisez du beurre ;

- Faites ensuite un roux : ajoutez la cuillère à soupe de farine à l’ail et l’oignon qui ont rendu un léger jus. Mélangez la farine jusqu’à ce qu’elle dore (ça ne prend pas plus d’une minute ou deux) ;

- Recouvrez ensuite d’eau et de 2 cuillères à soupe de lait pour le goût. Laissez cuire sur feu moyen à couvert pendant 30 bonnes minutes (il faut que la soupe réduise pour concentrer ses goûts) ;

- Passez ensuite le bouillon au mixeur. Il aura meilleur goût ;
- Sortez un verre du bouillon que vous conservez précieusement pour la suite ;
- En parallèle, séparez les blancs des jaunes d’oeuf (mettez un jaune d’oeuf de côté). Plongez ensuite les blancs dans le bouillon sans mélanger, et laissez le cuire pendant 5 minutes. Ils vont faire des “filaments” dans la soupe, caractéristiques du tourin blanchi 🙂
- Éteignez maintenant le feu. En parallèle, battez votre jaune d’oeuf avec votre cuillère de vinaigre de vin rouge. Quand le verre de bouillon est bien froid, mélangez le à votre jaune d’oeuf battu et le vinaigre.

Juste avant de servir votre tourin blanchi :
- Ajoutez votre mélange bouillon / jaune d’oeuf / vinaigre dans la soupe et mélangez vigoureusement. Attention, pensez à bien éteindre le feu avant, afin que le jaune d’oeuf ne cuise pas ;
- Assaisonnez votre soupe (sel, poivre) ;
- Ajoutez les morceaux de pain rassi dans la soupe et servez aussitôt !

Si vous souhaitez faire honneur aux traditions ancestrales du Périgord, vous pouvez faire chabrol 🙂
Quand il vous reste un fond de soupe dans l’assiette, ajoutez un peu de vin rouge, mélangez le tout et buvez votre vin directement à l’assiette.

C’est une tradition que les anciens ne manquent jamais de faire.
J’espère que vous vous régalerez avec cette recette ancestrale 🙂
À bientôt,
Sarah
Sain au naturel